2016-17
Conversations - communication animale et non-humaine est un séminaire proposé par Jeff Guess (École Nationale Supérieure Paris-Cergy) avec beaucoup d'aide de Gwenola Wagon (Université de Paris 8). Certaines des rencontres sont co-organisées en collaboration avec Stéphane Degoutin et Vadim Bernard (École Nationale Supérieure d'Arts Décoratifs) dans le cadre de leur cours Data fiction : Internet of Ants - Systèmes prédictifs et protocoles de langage pour animaux. Ce séminaire fait aussi partie de Art by Translation, un post-diplôme dirigé par Maud Jacquin et Sébastien Pluot.
http://communicationanimale.tumblr.com
2013-15
Séminaire qui regroupe les étudiants des cours Communication Protocols : Technology and the Spirit World (Jeff Guess, École Nationale Supérieure Paris-Cergy) et Histoires de Fantômes et de Machines (Gwenola Wagon, Université de Paris 8)
Media Mediums
est soutenu par le Labex Arts-H2H, l'École Nationale Supérieure d’Arts Paris-Cergy et sa galerie, Ygrec, et l'Université de Paris 8.
Remerciments
à Lukasz Drygas et Maud Barranger d'avoir accueilli notre séminaire aux Grand Voisins.
à Aurélie Sellier de nous avoir accueilli à La Gaïté Lyrique.
à Émeline Vincent de nous avoir accueilli à Ygrec.
Ouvert au public, mais places limitées
Réservations - info@mediamediums.net
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A CONSTRUCTED WORLD
Speaking to eels
Jeudi 1 Décembre 2016, 15:00 - 18:00
Galerie Ygrec, Lelong building, Les Grands Voisins - 82, Avenue Denfert-Rochereau 75014 ParisA Constructed World expliquent l'art contemporain à des anguilles depuis 2003. Ils invitent des experts du monde entier à transmettre leurs recherche aux anguilles, locataires provisoires de musées et de centres d'art. Les anguilles communes (Anguilla anguilla) ont maintenant, en raison de leur déclin, été remplacées par une anguille robotique parlante. L'artefact pourrait-il remplacer la-chose-elle-même ? L'image a-t-elle remplacé la logique de la même façon que la logique outrepasserait et déplacerait la rhétorique avant elle, et si oui à quoi pourraient servir les intellectuels ? Qu'est-ce qui peut encore être analysé quand tout le monde perçoit les images de façon biaisée ? Dans cette performance en creux, d'où provient le discours ? Quelle différence cela peut faire, finalement, de savoir qui parle ? Ou qui a vraiment parlé ? Bruno Latour dit en substance qu'il peut y avoir un espace qui pourrait être considéré comme empirique, mais dont il serait nécessaire de saisir la part humaine - « Nous nous mettons en situation de réaliser que nous, et non la réalité, sommes responsable de ce que nous sommes ». Lorsque nous nous adressons aux autres en général, nous ne sommes pas loin de nous adresser aux objets et autres espèces vivantes. Etant-sous-la-main. Richard Rorty ajoute que le la maîtrise de soi provient de l'écoute qu'on peut avoir de son propre discours dans le cadre d'expériences partagées.
Cette partie du séminaire aura lieu sur deux jours, la première sera une conférence sur la façon dont la parole s'aggrège et sur l'expérience d'ACW de conversation avec les anguilles ; la seconde prendra la forme d'un atelier où il s'agira d'imaginer ce que pourrait être la parole de l'anguille et de trouver une façon de la produire.
A Constructed World est un projet collaboratif créé en 1993 par les artistes australiens Geoff Lowe et Jacqueline Riva, qui vivent entre Paris, Turin et Melbourne. Ils ont exposé dans des Biennales (Sao Paulo, Tirana), des musées comme le MCA de Sydney, le CAPC de Bordeaux, des centres d’art comme le CNEAI à Chatoux. Ils participent à de nombreux workshops et des conférences au travers le monde et font évoluer plusieurs de leurs projets de lieux en lieux, comme « The Medicine show » ou « Expliquer l’art contemporain à des anguilles vivantes », œuvres performatives auxquelles ils associent des étudiants dans le cadre de workshops, des invités et le public. Leur travail prend des formes diverses, privilégiant la performance et la construction de plate-formes de travail qui incluent les spectateurs.
Télécharger le fichier mp3 de la conférence de A Constructed World (en anglais)
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DOMINIQUE LESTEL
Qu’est-ce que le Zoo-futurisme ?
Mercredi 23 Novembre 2016, 14:00 - 17:00
ENSAD, 31 Rue d'Ulm, 75005 ParisDes scientifiques du China Research and Conservation Center for the Giant Panda approchent un panda à l'aide d'un déguisement, le 7 octobre 2012 à Wolong, Chine.
Organisé avec Vadim Bernard, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon.
Imaginez un monde où on ne part pas en vacance dans un pays exotique mais où on va explorer la girafe ou visiter le crustacé. Un monde où on peut être plusieurs espèces à la fois et où il y a des animaux qui ne sont plus d’espèce. Un monde dans lequel l’humain s’est enfin libéré de la dernière prison physique dans laquelle il restait bloqué, la prison métabolique de l’espèce. Il est temps de faire sortir l’anarchisme de l’espace social et psychologique où il reste cantonné pour le faire entrer dans le royaume de l’espèce. Bienvenu dans le Zoo-futurisme qui voit l’avenir de l’humain dans sa ré-animalisation. Le positiviste taxera ce Zoofuturisme d’irréaliste sans avoir encore compris qu’en fin de compte, ce sont les concepts les plus réalistes qui se révèlent être les plus inutiles.
Dominique Lestel est maître de conférences dans le département de philosophie de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm où il enseigne la philosophie contemporaine. Il a été longtemps un membre fondateur du Département d’Etudes Cognitive de l’ENS et a dirigé de nombreuses années l’équipe d’Etho-écologie et Ethologie cognitive du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il a été « Professeur Invité » à Chicago et à Tokyo et occupé de multiples postes de recherches dans diverses universités américaines, australiennes et asiatiques. Ses travaux développent une « éthologie philosophique » qui porte sur les enjeux ontologiques, éthiques et politiques de la vie partagée entre humains et non humains (animaux, végétaux, champignons, virus, robots et fantômes). Il travaille depuis quelques années avec le collectif AOO au sein de l’équipe AME (Art, Mondialité et Ecosystèmes) de l’Institut ACTES de Paris 1.
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NICOLAS GIRET
Ce que nous apprennent les oiseaux chanteurs
Jeudi 17 Novembre 2016, 15:00 - 18:00
Galerie Ygrec, bâtiment Lelong, Les Grands Voisins - 82, Avenue Denfert-Rochereau 75014 ParisLes oiseaux chanteurs représentent près de la moitié des espèces d’oiseaux recensées sur Terre aujourd’hui. La diversité des espèces d’oiseau implique une diversité de chant - la mésange zinzinule, le moineau pépie, l’étourneau pisote. Présents aussi bien dans les jardins qu’en forêt tropicale, les oiseaux chanteurs remplissent l’environnement sonore et ont passionné les humains depuis longtemps. Mais ce n’est que depuis le milieu du XXème siècle et l’avènement de nouvelles techniques qu’ont commencé à être étudiés les oiseaux chanteurs et leur comportement de chant. Le chant des oiseaux chanteurs est appris socialement par imitation. Un individu, le plus souvent un oiseau juvénile, mémorise le chant d’un modèle, généralement un adulte, avant de pratiquer son propre chant. L’apprentissage du chant des oiseaux chanteurs ressemble ainsi à l’apprentissage du langage parlé chez l’humain. C’est une aptitude rare du monde animal, expliquant pourquoi ces oiseaux sont désormais grandement étudiés. Les domaines dans lesquelles s’inscrivent les recherches menées sur les oiseaux chanteurs traitent non seulement d’aspects purement comportementaux (abordant par exemple les fonctions et utilisations des chants, les reconnaissances entre les individus) que des aspects neurobiologiques (quels mécanismes neuronaux sont impliqués dans l’apprentissage du chant, dans sa perception ou encore dans sa production ?). Lors de mon intervention, nous survolerons ces recherches à travers des exemples précis d’études menées sur ces animaux, avec pour objectif de mieux comprendre quelles informations sont échangées et comment elles le sont, non seulement entre les individus lorsqu’ils chantent, mais aussi entre les neurones afin de mettre le comportement de chant.
Nicolas Giret est chercheur au CNRS, au sein de l’Institut des Neurosciences Paris Saclay, à Orsay. Il a tout d’abord étudié les capacités cognitives des perroquets dans le Laboratoire d’Ethologie et Cognition Comparées de l’Université Paris Ouest, en se focalisant principalement sur le système de communication vocal de ces oiseaux. Il a ensuite migré à Zürich, à l’Institut de Neuroinformatique pour étudier les neurosciences systémiques, en s’intéressant aux corrélats neuronaux du comportement d’imitation vocale (2010-2013). En étudiant les oiseaux chanteurs, il a démontré l’existence d’une population de neurones exprimant une activité du type neurone miroir dans une aire cérébrale corticale, i.e. ces neurones expriment des patterns d’activité similaires lorsque l’oiseau chante ou écoute son propre chant (2014). Récemment, avec ces nouveaux collaborateurs de l’Institut des Neurosciences Paris Saclay, il a montré chez l’oiseau chanteur que les réponses neuronales d’aires auditives sont modulées par la présence d’individus environnants et diffèrent entre les sexes (2015-2016). Nicolas Giret s’intéresse désormais aux mécanismes contribuant à l’émergence des neurones miroirs dans le cerveau des oiseaux chanteurs.
Télécharger le fichier mp3 de la conférence de Nicolas Giret (en français)
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FABIEN GIRAUD
Jeudi 27 Octobre 2016, 15:00 - 18:00
Galerie Ygrec, Les Grands Voisins - 82, Avenue Denfert-Rochereau 75014 ParisOhlone Tule Hut, CyArk 3d Scan. Work Document Fabien Giraud & Raphaël Siboni 2016
Comme le théoricien Matteo Pasquinelli l'a affirmé récemment, l'intelligence artificielle est "une forme d'animisme pour les riches". Elle témoigne selon lui de la résurgence, au sein de nos sociétés hyper-industrialisées, d'un mode de rapport au monde attribuant une pensée autonome à des entités non-humaines. Avec l'intelligence artificielle s'opèrerait donc une sorte de nouage entre deux ontologies radicalement différentes; dans la première, l'AI est le résultat d'une conception du monde selon laquelle la pensée peut être décomposée en une suite d'éléments inertes et discrétisés (et recomposés dans une cascade d'opérateurs logiques), et dans la seconde, elle fait émerger la possibilité d'un monde où le vivant et l'inerte, la pensée et le mort deviennent indiscernables (et appréhendés uniquement dans leur totalité non décomposable).
Le projet sur lequel je travaille actuellement avec Raphaël Siboni part de ce constat et tente d'opérer, à l’échelle d'un film entièrement filmé et monté par une machine intelligente, une convergence entre la pensée de l'AI contemporaine telle que développée dans la Silicon Valley et l'animisme des tribus Ohlone qui y vivaient avant la colonisation. Le film se déroule en 1542, au moment où les conquistadors accostent dans la baie de San Francisco, et que meurent les dieux-animaux qui y régnaient et en distribuaient la logique. C'est un film qui montre le retour d'une intelligence artificielle sur son lieu d'origine afin d'altérer son devenir. En utilisant la structure abstraite des mythes Ohlone pour infléchir l'ontologie informatique des réseaux de neurones artificiels, il tente d'opérer une bifurcation dans l'histoire et d'ouvrir à la possibilité d'une intelligence artificielle proprement Ohlone.
Fabien Giraud est artiste. Depuis 2007, il collabore avec l’artiste et cinéaste Raphaël Siboni avec qui il a exposé en France et à l’étranger(Palais de Tokyo 2008, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 2009, Santa Fe Biennial 2008, Moscow Biennial 2009, Sharjah Art Foundation 2013, Biennale de Lyon 2015 ). Depuis 2014 leur nouvelle série d’oeuvres intitulée The Unmanned a fait l’objet d’expositions monographiques au Luxembourg(Casino Luxembourg), au Canada (Vox) et en France (Centre International d’Art et du Paysage de l’Ile de Vassiviere). En 2011, il a initié la série de séminaires et de workshops intitulés The Matter of Contradiction visant à questionner le concept géologique d’anthropocène et ses conséquances pour la théorie de l’art. En 2012, il a co-inité la plateforme de recherche et la revue Glass Bead.
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MARIE LECHNER
Les bots
Mardi 3 Novembre 2015, 9:30 - 15:00
Les Grands Voisins - 82, Avenue Denfert-Rochereau 75014 ParisLes bots sont de vieux compagnons du réseau, présents depuis de nombreuses années dans les chats IRC, les jeux en ligne, sur le web. « Premières espèces indigènes du cyberespace », selon le journaliste de Wired Andrew Leonard, ils prolifèrent, ils sont de plus en plus complexes, et causent autant de problèmes qu'ils en résolvent. Qu'ils opèrent en coulisse ou réclament notre attention, ils ont colonisé une impressionnante variété d'environnements, bras armé de notre société des données, à la recherche de toujours plus d'efficacité. Au point que certains craignent l'avénement d'une vaste machine inhumaine en pilotage automatique.
Nous retracerons l'histoire et tenterons d'ébaucher une taxinomie de ces « intelligences artificielles étroites », d'Eliza, grand mère de tous les chatterbots à l'armée silencieuse de Wikipedia, des guerres de bots dans les canaux IRC aux twitterbots employés par le gouvernement mexicain pour faire taire l'opposition, des bimbots séductrices des sites de rencontre aux bots de trading haute fréquence, des botnets criminels aux bots artistiques.
Marie Lechner est journalist spécialisée en art et cultures numériques. Entre 1998 et 2015, elle a travaillé au quotidien Libération et collaboré en tant que free lance avec ARTE Creative, le Magazine des cultures digitales (MCD), Le Monde, et la revue Nichons nous dans l'Internet. Elle est également chercheuse en archéologie des médias au PAMAL (Preservation & Art – Media Archaelogy Lab), à l’École Supérieure d’Art d’Avignon. Elle a organisé plusieurs conférences sur le folklore du Web, au centre de culture numérique La Gaîté Lyrique à Paris, et a créé une conférence Supertalk intitulée, "Le Wi-Fi, de l’Antiquité à nos jours". Elle été la co-commissaire artistique des évènements suivants - Speed Show Vol. 5 (Open Internet), à Paris (2011), la section Cacophony Society de l’exposition Evil Clowns au centre d’arts média Hartware MedienKunstVerein à Dortmund (2014), et a collaboré à Welcome to the Future! au Centre de Cultures et Technologie Digitales (iMAL) à Bruxelles (2015). Elle travaille actuellement en tant que la commissaire française pour le projet européen Streaming Egos, sur les identités numériques, organisé par le Goethe Institut.
Télécharger le fichier mp3 de la conférence de Marie Lechner (en anglais)
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SUZANNE TREISTER
From Military Time Travel Research Projects to ‘HEXEN 2.0’
Vendredi 23 Janvier 2015, 16h30 - 18h30
GAÏTÉ LYRIQUE (La médiathèque, salle au fond à gauche) - 3 bis Rue Papin 75003 ParisEn 1995, Suzanne Treister s’invente un alter-ego Rosalind Brodsky, exploratrice temporelle qui opère pour l’Institute of Militronics and Advanced Time Interventionality au 21e siècle. Broadsky a enquêté sur des projets de recherche militaire menés par l’Institut et qui ont abouti à HEXEN 2039 (2006), projet qui développe de nouvelles technologies militaires occultes pour une guerre psychologique.
En 2011 Treister a produit le projet HEXEN 2.0 en s'intéressant aux histoires de recherche scientifique à l’origine des programmes gouvernementaux du contrôle des masse, en enquêtant sur une histoire parallèle de la contre culture et des mouvements populaires. Les diagrammes d’HEXEN 2.0, dans le contexte de l’après seconde guerre mondiale et des impératifs militaires, l’interdisciplinarité entre sciences et sciences humaines à travers les développement de la cybernétique, l’émergence d’internet, du web 2.0, l’accroissement de la collecte d’informations, et les conséquences des systèmes de manipulation et de l'avènement d'une société de contrôle. Basé sur des événements et des personnes réels, des spéculations scientifiques, et comprenant des diagrammes alchimiques, un jeu de Tarot, des images légendées, des dessins au crayon, une vidéo et un site internet, HEXEN 2.0 offre un univers dont les pièces sont à appréhender comme un outil permettant d’envisager de futurs d’alternatifs possibles.
Suzanne Treister est née à Londres en 1958, où elle réside présentement. Utilisant différents médiums, dont la vidéo, internet, les technologies interactives, la photographie, le dessin et l’aquarelle, Treister s’intéresse dans son travail à des récits excentriques et à des corpus de recherche non conventionnels pour révéler les structures qui entravent le pouvoir, l’identité et le savoir. Se déroulant souvent sur plusieurs années, ses projets proposent des réinterprétations fantastiques de taxonomies et d’histoires données qui examinent l’existence des forces cachées, occultes, à l’œuvre dans le monde, qu’il sagisse du milieu des entreprises, du militaire ou du paranormal.
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NICOLAS MAIGRET
The Experimenter Effect
Vendredi 19 Décembre 2014, 16h30 - 18h30
GAÏTÉ LYRIQUE (La médiathèque, salle au fond à gauche) - 3 bis Rue Papin 75003 ParisPour cette intervention, Nicolas Maigret présentera des recherches sur la mise en lumière de dimensions discrètes ou invisibles des machines numériques. Sous un angle médiumnique et pseudo-scientifique, nous aborderons un ensemble d'expériences entre mise à nu des dynamiques internes de ces machines, et invocation d'un "au delà" du technique, semblant émaner de toute machinerie d'un niveau de complexité suffisamment avancé.
Durant cette dérive nous évoquerons - L'écoute du code binaire, donnant à percevoir la structure propre aux différents codages, langages et contenus - Différentes écoutes de bruit de fond d'Internet, donnant à percevoir la matérialité et les dynamiques propres au réseau - Des captations de l'activité de ce "cerveau global" sur le modèle du relevé sismique - Une tentative d'écoute des reliefs topographiques prélevés par la Nasa - Une dispositif d'interception des activités d'échange sur les réseaux pair-à-pair. Nous aborderons également des projets plus récents convoquant les spectres de l'héritage militaire inhérent aux systèmes techniques les plus usuels.
Nicolas Maigret expérimente la capacité des technologies contemporaines à autogénérer des langages sonores ou visuels spécifiques. Dans ses réalisations, les caractéristiques internes des médias sont rendues perceptibles à travers leurs erreurs, dysfonctionnements, états limites ou seuils de rupture, dont il développe des expériences audio-visuelles à la fois sensorielles et immersives. Nicolas Maigret développe une pratique expérimentale du son et des images électroniques depuis 2001. Après avoir étudié les arts intermédia à Besançon, il intègre le laboratoire Locus-Sonus à Nice où il explore le domaine de la création sonore en réseau. Il enseigne à Parsons Paris et co-fondé Art of Failure avec Nicolas Montgermont. Comme curator, il a initié la recherche disnovation.net, une critique de la propagande de l'innovation.
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EMMANUEL GUEZ
Machines d'immortalité_s
Vendredi 12 Décembre 2014, 15h30 - 17h30
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisDans Grammophon, Film, Typewriter (1986), Friedrich Kittler montre notamment comment, au XIXe siècle, l'imaginaire des (nouveaux) média analogiques (de la littérature aux publicités vantant les pouvoirs des machines) s'est constitué autour de l'idée d'une communication avec l'au-delà et le royaume des morts. Dans le même temps, ce siècle a vu naître un certain nombre de sciences et de pratiques, telle que la psychanalyse, la télépathie ou la parapsychologie, visant à atteindre un au-delà du dire. Ainsi les mutations des technologies d'inscription ont-elles affecté directement la manière dont le monde occidental a pensé l'au-delà et l'immortalité. Comment aujourd'hui les machines numériques et leur imaginaire reconfigurent-elles ces notions, et à travers elles, l'oeuvre d'art et le nom de l'artiste ?
Emmanuel Guez est artiste et philosophe. Il dirige l'unité de recherche PAMAL (Preservation – Archaeology – Media Art Lab) à l'Ecole Supérieure d'Art d'Avignon.
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PIERRE CASSOU-NOGUÈS
Gödel, Wiener, la cybernétique et les fantômes
Vendredi 28 Novembre 2014, 15h30 - 17h00
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisNorbert Wiener, grand mathématicien de la première moitié du XXe siècle, est aussi le fondateur de la cybernétique. Wiener, à partir de ces travaux, fut un précurseur des réflexions sur les risques sociaux et humains liés à l’émergence de l’automatisation et de l’informatisation. Ses archives, longtemps inédites, ont révélé d’étranges nouvelles policières (parmi elles, Un savant réapparaît, une histoire autour du meurtre d’un savant), dans lesquelles Wiener développe ses analyses et pose une question fondamentale - comment continuer la recherche scientifique quand elle a conduit à la bombe atomique ?
Cette interrogation positionne la cybernétique entre science et fiction, et développe la façon dont ses créatures, désormais familières mais problématiques, des robots aux cyborgs, éclairent ses enjeux sociaux et politiques.
Pierre Cassou-Noguès, philosophe et professeur à l’université Paris-8, est l’auteur de plusieurs essais qui croisent la philosophie, la littérature et les sciences dont Les Démons de Gödel, logique et folie, Mon zombie et moi, la philosophie comme fiction, La Mélodie du tic-tac et Les Rêves cybernétiques de Norbert Wiener.
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JEAN-LOUIS BOISSIER
Télégraphe de Chappe et crayon Conté, inventions de la Révolution
Vendredi 14 mars 2014, 15h - 17h30
ENSAD - 31 rue d’Ulm 75005 Paris - ensadlab salle 305À partir de 1791, le télégraphe optique connaît une mise en place selon les choix technologiques et formels de Claude Chappe. En 1793, il est reconnu et adopté par la Convention pour sa dimension politique et militaire. En 1794, le gouvernement, pour faire face au blocus qui prive la France de mine anglaise, commande à Nicolas-Jacques Conté la mise au point d’un instrument d’écriture, le crayon, qui concerne les militaires comme l’intégralité de la population. Ces deux inventions semblent de deux ordres différents mais elles vont donner lieu à des récits révolutionnaires et à la célébration de leurs inventeurs. Il est intéressant de les regarder ensemble comme moments de transition entre les Lumières du XVIIIe siècle et la culture industrielle du XIXe.
Jean-Louis Boissier est professeur émérite en arts et esthétique et directeur de recherche à l’Université Paris 8. Il participe à EnsadLab - École nationale supérieure des arts décoratifs. Il est, depuis les années 80, commissaire d’expositions ayant trait aux arts des nouveaux médias et auteur d’installations et de programmes vidéo-interactifs. Ses principaux articles sur l’interactivité en art ont été publiés dans La Relation comme forme, Mamco-Genève/Presses du réel, 2009.
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ANNE ZEITZ
De MaxFeed à Radio Net - Les projets radio de Max Neuhaus
Vendredi 13 décembre 2013, 15h - 17h30
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisMax Neuhaus, Sound Paths, Radio Net, 1978
Exerçant en tant que percussionniste, notamment pour John Cage et Karlheinz Stockhausen, Max Neuhaus se concentre dès 1966 sur des productions d’objets, de promenades, d’installations et de plateformes d’échange sonores. Si le petit objet électronique Max-Feed de 1966 insiste encore sur des mécanismes de brouillage des radio-fréquences, Neuhaus se tourne rapidement vers le potentiel d’échange que ce médium représente. Il réalise dès lors des projets pour et avec des stations de radio locales et nationales, tels que Public Supply (1966-1973) et Radio Net (1977), en liant leurs réseaux à des lignes téléphoniques. Ces expériences acoustiques anonymes et collectives s’insèrent dans un intérêt de Neuhaus pour la dimension sociale du médium de la radio et du téléphone. En rapprochant ces médias, Neuhaus s’efforce de donner « l’impulsion et les moyens pour un échange sonore international – un forum pour un échange verbal et acoustique à un niveau global, une communauté d’écoute mondiale »* dont les enjeux seront exposés ici.
* Max Neuhaus, « Audium. Projekt für eine Welt als Hör-Raum », in Edith Becker et Peter Weibel, ed. Vom Verschwinden der Ferne. Telekommunikation und Kunst, Köln, DuMont, 1990
Anne Zeitz est doctorante dans l’équipe Esthétiques des Nouveaux Médias à l’Université Paris 8. Elle organise le projet d’exposition et le cycle de films Mouvement-observation-contrôle pour le Goethe-Institut en 2007 et est diplômée d’un Master intitulé Le point aveugle de la surveillance. Ses recherches portent sur les mécanismes de l’observation et de la surveillance et la façon dont ceux-ci se manifestent à travers des productions artistiques, littéraires et cinématographiques depuis les années 60. C’est en particulier sur les artistes effectuant des « contre-observations » d’instances de la surveillance ainsi que les comportements que ce renversement de la relation d’observation engendre, qu’elle se concentre actuellement.
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VISITE ET MINI-WORKSHOP AUX ARCHIVES NATIONALES
Présentation par Charlotte Leblanc et Alice Marsal
Vendredi 20 décembre 2013, 15h - 17h30
Les Archives Nationales, 59 rue Guynemer, 93380 Pierrefitte-sur-Seine (M°- Saint-Denis Université, ligne 13) -
MARC-OLIVER WAHLER
Visite et présentation de l’exposition Jim Shaw's The Hidden World
Vendredi 13 décembre 2013, 15h - 17h30
The Chalet Society, 14 boulevard Raspail 75007 ParisSociétés plus ou moins secrètes, ordres et fraternités fantaisistes, mouvements évangéliques et fondamentalistes, courants spirituels new age ou conspirationnistes de tout genre, encyclopédies pour enfants ou encore célèbres illustrations médicales du Dr. Netter – l’artiste américain Jim Shaw expose son incroyable collection d’art didactique qui recycle les mythes et les croyances de l’Amérique.
Cette carte blanche donnée à Jim Shaw permet de jongler avec les catégories dans lesquelles l’art s’enferme quelquefois, de tester son éclectisme, son élasticité et sa faculté à irriguer des domaines de connaissances surprenants.
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JEAN-PHILIPPE ANTOINE
Information, enregistrement, souvenir
Vendredi 6 décembre 2013, 15h - 17h30
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisSamuel Morse est aujourd'hui connu du grand public comme l'inventeur du code Morse et du télégraphe magnéto-électrique qui a révolutionné les communications humaines au milieu du 19e siècle. Mais cet inventeur était d'abord un peintre, théoricien de l'art, et l'un des premiers praticiens et prosélytes américains de la photographie. L'ensemble de ces activités dessine une constellation originale, centrée sur les problématiques de l'information, de sa nature et de sa transmission. Peinture, télégraphe et photographie traitent chacun de manière différente l'inscription des traces et signes qu'ils enregistrent et véhiculent. Leur juxtaposition dans la personne de Morse, tout comme les relations parfois contradictoires qu'ils entretiennent l'un avec l'autre dans sa pratique, définissent un espace neuf que nous n'avons pas cessé d'habiter.
Jean-Philippe Antoine enseigne l’esthétique et la théorie de l’Art contemporain à l’Université Paris 8. Il a récemment publié La traversée du XXe siècle. Joseph Beuys, l’image et le souvenir, aux Editions du MAMCO/Presses du Réel, et participé à The Quilt and the Truck. Nancy Shaver (Publication Studio, 2011). Plasticien, il mène des travaux sur des supports multiples - peintures, constructions, installations, et performances sonores, en collaboration notamment avec Leif Elggren. Il a récemment publié chez Firework Edition Records The Worried Ones (Antoine-Elggren) Live at 64 (2013), Nouvelles musiques anciennes (CD, 2011) et Objet Métal Esprit (EP, 2010).
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PHILIPPE BAUDOUIN
Thomas Edison et la fabrique des machines à fantômes
Vendredi 29 novembre 2013, 15h - 17h30
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisSi le nom de Thomas Edison est communément associé à de nombreuses inventions telles que la lampe à incandescence, la pile alcaline ou le phonographe, il en va tout autrement de ses recherches psychiques. Alors que la plupart de ses biographes ont exploré les moindres détails de ses innovations techniques, ils restent toutefois silencieux sur les expérimentations que mena pourtant Edison, durant les dix dernières années de sa vie, afin d'entrer en communication avec les morts. Quel fut au juste son projet de "phonographe spirite" ? Que parvint-il à entendre ?
Les recherches d'Edison dans les domaines de la reproduction sonore et des sciences psychiques sont symptomatiques, dans l'histoire de ces deux disciplines, d'un intérêt commun pour le phénomène de la voix et de ses doubles électriques. En quoi la machine phonographique révèle-t-elle précisément les dimensions occultes des outils techniques de reproduction ? À travers les différentes pratiques spirites développées à la suite des travaux d'Edison et leurs représentations populaires dans le cinéma de genre, nous tenterons de retracer brièvement une "archéologie" des machines parlantes et de leurs implications dans le champ des phénomènes psychiques, parcourant ainsi parallèlement l'histoire de ces inventions techniques et celle de leurs avatars fantomatiques.
Philippe Baudouin est chargé de réalisation à France Culture et auteur de reportages pour Arte Radio. Diplômé d’un Master en philosophie de l'art, il est l’auteur, aux éditions de la MSH (coll. Philia), de l’ouvrage Au microphone - Dr. Walter Benjamin (Prix Inathèque 2009). Il prépare actuellement un recueil de pièces radiophoniques inédites de Walter Benjamin, ainsi qu’un essai sur l'Archéologie de la radio, à paraître respectivement aux éditions Allia et aux Presses Universitaires de France.
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VISITE ET DÉMONSTRATION AU MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS
Phonographe, Télémécanique et dispositifs de transmission à distance
Vendredi 15 novembre 2013, 15h - 17h30
Musée des Arts et Métiers, 60 rue Réaumur, 75003 Paris -
VANESSA DESCLAUX
Protocole d'Hypnose
Vendredi 8 novembre 2013, 15h - 17h30
YGREC - 20 rue Louise Weiss 75013 ParisMatt Mullican, “Under Hypnosis,”still from performance, Tate Modern, London, 2007
Pour cette intervention, j’introduirai les recherches que j’ai effectuées sur l’hypnose à travers différentes lectures et rencontres avec des praticiens de l’hypnose. Je tenterai de proposer les questions que ces recherches ont soulevées pour moi, mettant en jeu des situations de contrôle, d’emprise, d’empathie et d’émancipation. Dans un second temps, je présenterai le cas spécifique d’utilisation de l’hypnose dans la pratique artistique de Matt Mullican qui mène des expériences sous hypnose depuis 1978. C’est ma confrontation avec une des performances de l’artiste qui a provoqué le désir de réfléchir au rôle de l’hypnose dans le processus de création de Mullican et à la nature du personnage que Mullican affirme émerger dans la transe hypnotique et qu’il nomme « That Person »."
Vanessa Desclaux est diplômée de Sciences Po Paris et d’un master en commissariat d’exposition au Goldsmiths College de l’Université de Londres, où elle est actuellement en doctorat en art. Son travail de recherche s’intéresse aux pratiques artistiques qui se sont développées à partir de la fin des années 70 et qui articulent des relations complexes entre les domaines du visuel et ceux du langage et du discours. Elle a travaillé en particulier sur les artistes David Lamelas, Guy de Cointet et Matt Mullican, développant son travail critique à travers des projets d’exposition, de programmation de performances et la publication de textes. Ses projets récents incluent des expositions monographiques et collectives dont - In a sentimental mood à la Galerie des galeries et Anna Barham, Agnès Geoffray, Nathania Rubin à la galerie Jousse Entreprise dans le cadre du festival Nouvelles vagues du Palais de Tokyo.
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